top of page

Valorisation d'expériences de mobilité

Face au constat d'un relatif repli sur soi de la société française et de ses citoyens, face au refus de construire un pays fermé sur sa propre diversité et sur celle du monde, face à la progression de la peur de l'étranger et de son instrumentalisation politique, le CEPTS souhaite profiter de l'expérience internationale des jeunes qui viennent faire un Service civique en son sein pour affirmer la nécessité de construire l'ouverture à l'autre, seule garantie d'une société pacifiée.

L'éducation populaire, tout comme la famille ou l'école, doit jouer un rôle dans cet apprentissage de la tolérance, du respect de la différence. Dans une République où la fraternité, valeur qui est pourtant censée la fonder, ne va pas de soi, il faut penser les modalités de son apprentissage.

 

Le voyage est un apprentissage pratique de la diversité et de son respect.

L'ambition de notre collectif est d'opérer une transmission de ces valeurs aux jeunes, grâce au partage d'expériences prolongées à l'étranger. Nous voudrions ainsi faciliter des départs pour d'autres jeunes qui pourraient vivre à leur tour ces moments uniques dans une vie, réellement formateurs et transformateurs.

Pour cela, nous interviendrons dans des lycées, sous la forme d'échanges de récits entre lycéens et jeunes en service civique, dans le but d'aboutir à une réflexion sur les valeurs de fraternité, d'ouverture, de tolérance, de convivialité, etc.

 

Témoignages

Jérémy: Cinq années à vivre à l'étranger, entre Europe et Afrique.

Franck: Deux tours du monde.

Beaucoup pensent que j'ai fait deux tours du monde ... en réalité je n'ai fait qu'une fois le tour de moi-même et c'est le meilleur moyen que j'ai trouvé pour y parvenir. Je n'ai pas l'impression d'avoir décidé de partir, cela s'est imposé comme une évidence à un moment de mon existence où ma personnalité et mes raisonnements étaient fortement conditionnés  par la culture occidentale. J'ai voulu changer de prisme, voir le monde tel qu'il est plutôt que tel que je l'imaginais. Je crois que c'est la meilleure chose qui puisse arriver à n'importe quelle personne, et je me suis remercié d'avoir fait ce choix chaque matin que cette aventure m'a offert.


Le principal enseignement que j'en tire est que ce qui se passe dans nos esprits peut très directement impacter la réalité qui se déroule autour de nous: nos existences sont ce que nous en faisons. Pendant que certains cherchent des excuses, d'autres trouvent des moyens. Si un banlieusard de famille ouvrière l'a fait (et refait), c'est que tout le monde peut le faire.

J'ai appris à lire en déchiffrant les noms de pays et de villes sur les atlas. D'aussi loin que je me souvienne, l'idée du voyage m'a toujours obsédé. Ces cinq dernières années, le rêve est devenu réalité. Je ne pouvais pas attendre, d'avoir de l'argent par exemple, ça aurait été renier une pulsion trop importante, constitutive de mon identité. Alors je me suis lancé, avec un peu d'appréhension, c'est vrai. Et quitte à vivre ce décollage tant attendu vers l'inconnu, je n'ai pas fait les choses à moitié: quand d'autres choisissent comme destinations pour faire un Erasmus Barcelone, Montréal ou Londres, moi j'ai mis le cap bien plus loin, direction Libreville au Gabon! Je m'attendais donc à ce moment-là au fameux choc culturel, peut-être même le mal du pays, mais je me suis rendu compte, qu'en réalité, j'étais dans mon élément. Non pas que j'étais jusqu'alors un gabonais qui s'ignorait, mais bien parce que mon élément, mon univers, c'était la rencontre, c'était cette curiosité insatiable pour ce qui m'était différent, c'était le désir de partager à mon tour mes histoires, mes instants de bonheur et aussi ceux de doute.

L'histoire aurait pu en rester là. Mais ma route s'est ensuite constituée de multiples détours. Des routes d'Europe parcourus au fil d'excellentes rencontres le pouce levé, une yourte perdue dans l'Eifel allemand, des fermes peuplées de hippies écolos en Catalogne, une école dans le Masaï Mara, une case sur une île du Lac Victoria, et bien d'autres: j'ai peu à peu perdu le compte des murs que j'ai hantés. D'une certaine façon, je les garde en mémoire différemment, car à chaque étape je me redécouvrais moi-même. Mon identité, mes certitudes, ma vision des choses, tout ce transformait incessamment.

Ce n'étais donc pas une route rectiligne, une progression linéaire. Dans cette redécouverte, je n'ai jamais été seul. Après cinq ans à vivre ces détours permanents vers l'altérité, je vis aujourd'hui avec la certitude que la transformation de mon identité qu'ils ont engendré ont fait de moi une personne meilleure. Peut-être que c'est ça le bonheur tant recherché... Le voyage a été aussi ce qui a conduit chez moi à l'engagement, ce qui me donne l'énergie et l'optimisme pour agir pour accorder ce monde à mes valeurs.

Je vis avec une autre certitude: si la richesse matérielle peut être accaparée par une poignée de puissants, s'il est possible de voler le confort de certaines personnes, nous ne pouvons nous laisser déposséder de l'aventure, de la curiosité, de la rencontre. Il ne tient qu'à nous d'inventer des manières, près de chez nous ou plus loin, de s'intéresser à la différence, de refuser de ne la connaître que sous le prisme des idées reçues.

Alors si je l'ai fais, pourquoi pas vous?

 

"C'est la personne qui porte la chaussure qui sait le mieux si elle fait mal et où elle fait mal, même si le coordonnier est l'expert qui est le meilleur juge pour savoir commment y remédier." John Dewey, philosophe

bottom of page